Le recteur a pris hier la décision de nommer un administrateur provisoire à la tête de l’Université de la Réunion, et a fixé un budget provisoire dans la foulée.
Jacques Comby était professeur à l’Université Jean Moulin Lyon 3, géographe physicien spécialiste de climatologie et des risques.
Cette nomination intervient à compter du 12 mars 2024 et sera effective jusqu’à la fin de la suppléance de la présidence. Durant cette période, Jacques Comby, qui a été président de l’Université Jean Moulin Lyon 3 de 2012 à 2020, dispose de l’intégralité des pouvoirs attachés à la fonction de président
Les syndicats sont vent debout face à cette décision qu’ils jugent, précipitée et arbitraire.
Le Syndicat Général de l’Éducation Nationale – Confédération Française Démocratique du Travail (Sgen-CFDT), en sa qualité de premier syndicat représentatif des personnels de l’Université de La Réunion, tient à exprimer sa surprise et sa consternation suite à la récente nomination d’un administrateur provisoire par le Recteur de région académique. Cette décision suscite de fortes interrogations et ne peut que raviver les tensions, d’abord parce qu’elle déroge aux principes de démocratie des universités et ensuite parce qu’elle soulève plusieurs questions.
Sur quelle base juridique cette décision est-elle fondée ? En effet, une décision d’administration provisoire n’est prise qu’en cas de difficultés graves dans le fonctionnement des organes statutaires des établissements » article L 718-9 du code de l’éducation. Or, si le projet de budget 2024 n’a pas reçu l’aval du CA du 26 février dernier, les autres textes ont été votés avec une large majorité et les autres instances fonctionnent elles aussi normalement, preuves en sont les votes dans ces mêmes instances. Surprise aussi alors que le Recteur a arrêté un budget identique à celui présenté par l’équipe présidentielle lors du dernier Conseil d’Administration.
Sur quels éléments constatés cette décision est-elle fondée ? En effet, selon les statuts de l’université de La Réunion, la présidence, en cas d’absence du président, revient au Vice-président du Conseil d’administration chargé des affaires générales. Ces règles assurent non seulement le bon fonctionnement de notre établissement mais garantissent également le respect des droits au sein de notre communauté.
Cette décision de mise sous administration provisoire, basée sur un seul vote négatif d’une seule instance est, à la connaissance du Sgen-CFDT, unique en France. Présage-t-elle d’autres mises sous tutelle d’autres universités en France ? Donne t-on une recette à qui voudrait se débarrasser de son Président, de son conseil d’administration, de son supérieur hiérarchique ?
Le Sgen-CFDT rappelle fermement son attachement aux règles qui régissent les Établissements Publics à caractère Scientifique, Culturel et Professionnel (EPSCP), et qui mettent en avant l’importance de l’autonomie de ces institutions ainsi que d’une gouvernance inclusive, comme cela est écrit dans l’article L711-1 du Code de l’éducation.
Le Sgen-CFDT appelle à un renouveau du dialogue, à la tenue de consultations réelles, et au respect des principes fondamentaux de notre institution. Nous restons fermement engagés à défendre les intérêts de tous les membres de la communauté universitaire et à préserver l’intégrité et le bon fonctionnement de la seule université du territoire.
Le Sgen-CFDT se réserve le droit de contester cette décision par tous les moyens qui sont à sa disposition.