« Notre association citoyenne Domoun la Plaine prend connaissance de l’avis favorable sans réserve formulé par le commissaire enquêteur (CE) chargé de l’administration de l’enquête publique diligentée par l’autorité environnementale sur la demande d’autorisation d’aménager, faite par la Municipalité du Tampon, un parc d’attractions à Bourg Murat.
Et pourtant, le CE indique dans sa conclusion : “La controverse sur l’emploi, le coût du projet, les recettes et les frais d’exploitation ont certainement des fondements réels et de nombreux doutes ont surgi sur une éventuelle rentabilité ». Il note aussi que « le paysage sera modifié ce qui a suscité beaucoup de réactions négatives de la part d’associations et de particuliers durant l’enquête publique et avant ». De notre point de vue, comment peut-il à la fois citer le PADD du PLU du Tampon qui parle de « conforter le statut de village créole de Bourg Murat en valorisant le patrimoine et l’authenticité du lieu », et prétendre que ce projet, fait de barbecues géants, de pump tracks et plus de 700 places de parking, n’est pas antinomique avec les orientations du PLU ?
Domoun la Plaine note ainsi de nombreuses contradictions tant sur le fond que sur la forme de cet avis, venant de surcroît d’un CE qui précise en préambule que son rôle n’est pas de juger en droit le projet, mais qui conclut néanmoins son rapport en disant que « rien ne [lui] permet légalement de [s]’opposer à l’opération ».
Domoun la Plaine s’étonne aussi que le CE argue d’une légitimité électorale de 2020 : « La volonté populaire qui s’est traduite dans les urnes en 2020 a fait que la liste conduite aux dernières élections municipales par M. André THIEN AH KOON a réuni 65.64 % des suffrages contre celle de Mme Nathalie BASSIRE – opposante notoire au projet – qui a obtenu 34.35 % des voix ». Qu’est-ce que ce rappel des résultats aux municipales de 2020 vient faire dans les conclusions d’une enquête publique en 2023 ? Pourquoi a-t-il accepté de conduire cette enquête publique puisque cette légitimité semble à ses yeux donner un blanc-seing au maire ?
Il appartient désormais à l’autorité environnementale – le préfet de La Réunion – d’autoriser, non pas en droit, mais en justesse et en pertinence la réalisation de ce projet. En effet, celui-ci présente encore, même dans sa version raccourcie grâce la mobilisation de la population et de Domoun la Plaine, des menaces pour la santé de la population de Bourg Murat comme l’a souligné l’ARS.
Domoun la Plaine a ainsi un doute réel et sérieux quant à l’impartialité du CE qui croit nécessaire de « ne pas [émettre] des réserves qui seraient des conditions suspensives s’adressant aux maîtres d’ouvrage », en ne faisant que des recommandations. Alors que la nuisance sonore et la pollution de l’air représentent une atteinte immédiate à la santé publique (cf. avis de l’ARS), pourquoi ce parti pris se contentant de recommander à la municipalité de suivre ces dégâts collatéraux sur une période de trois ans ?
Cela nous semble être une contradiction de plus avec l’indépendance dont le CE se réclame vis-à-vis du maître d’ouvrage.
Malgré les avis défavorables ou réservés d’instances expertes (ARS, MRAe, SREPEN, CDPENAF) et le refus catégorique d’une partie importante de la population qui a participé à l’enquête publique, dont celle vivant à proximité directe de ce projet (Les Topazes, Piton Dugain), cet avis favorable sans réserve vient sérieusement questionner les choix de notre société, s’il était suivi à la lettre par le représentant de l’Etat, face aux enjeux actuels de nos vies et de notre environnement. »