Sitarane : comment s’est construite la légende ?

Plus de cent ans après les exploits sanglants de la « Bande des buveurs de sang », on vient encore puiser un peu de la puissance maléfique du grand sorcier. Verres de rhum, cigarettes, bougies et offrandes diverses ornent encore la tombe de Sitarane.

Mais, a-t-il vraiment été sorcier ? C’était plutôt son compagnon. Mais ce dernier était plutôt guérisseur. Voilà une légende qui a terrorisé la colonie et tient en haleine la population réunionnaise jusqu’à aujourd’hui.

Simicoundza devient Sitarane

Originaire du Mozambique, Simicoundza Simicourba, débarque à La Réunion comme travailleur engagé en 1889. Il travaille la terre chez un certain Mr Morange à Saint-Benoît. Il est dit que Simicoundza est un homme discret doté d’une carrure massive. 

En 1891, Simicoundza quitta son travail malgré le fait que les lois de l’époque ne le lui permettaient pas. Il passe ainsi dans la clandestinité. C’est là qu’il devient Sitarane, un nom d’emprunt qui lui permettra de circuler plus facilement. 

On perd sa trace pendant quelques années avant de le retrouver dans le sud de l’ile en 1906. Il y fait la rencontre de Pierre-Élie Calendrin qui se fait appeler Saint-ange, un « guérisseur » avec qui il se lie d’amitié. 

Se joint à eux un troisième larron, un certain Emmanuel Fontaine, ainsi qu’une petite poignée de personnes. Et la bande est ainsi créée. On raconte que la bande se réunissait la nuit loin des habitations aux alentours de minuit, l’heure du crime. 

La bande des buveurs de sang

De petits cambriolages, aidée par la poudre ‘magique’ du sorcier, la bande passe ensuite à une autre étape, le meurtre. La bande devient notamment célèbre pour ses fracas en 1908 et 1909 entre St-Louis et le Tampon en passant par St-Pierre, terrorisant ainsi la population du sud de l’ile.

Trois séries de crimes leur sont officiellement imputables. Celui d’Hervé Deltel que Sitarane aurait tué de 11 coups de couteau, ceux des époux Robert ainsi que des époux Leveneur. 

La légende raconte que le guérisseur/sorcier faisait boire le sang des victimes à ses complices, pour les rendre invulnérables. Sitarane et Fontaine ont été décapités à Saint-Pierre en 1911. Saint-Ange, pour sa part, a été condamné aux travaux forcés à perpétuité. Juste avant son exécution, Sitarane a demandé à ce qu’il soit baptisé.

La légende de Sitarane demeure encore vivace au sein de la population réunionnaise. La tombe de Sitarane à St-Pierre est devenue un véritable lieu de culte pour la sorcellerie alors même que l’on a révélé que sa dépouille ne s’y trouve pas.

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