Madame La rectrice de la Réunion, Chantal Manès Bonnisseau
Madame la directrice de l’ARS – Agence Régionale de la Santé : Martine LADOUCETTE
Si Nirvan, 2 ans et demi aujourd’hui, se trouve un jour orphelin de mère, vous en êtes responsable aujourd’hui. En effet, plusieurs bâtiments du Lycée Roland Garros dont le CIO (centre d’information et d’orientation) du Tampon sont infestés par l’amiante depuis des années. Le rapport d’expertise connu de vos services depuis Juin 2021, a été transmis au personnel à la rentrée d’août 2021. Et rien n’a été fait à ce jour pour la protection de la santé du personnel, des parents et des élèves qui fréquentent les lieux. De nombreuses personnes peuvent donc déjà développer des maladies et cancers sans que vous le sachiez, provoquant des morts par centaine sur les décennies à venir. De même que Pilate face au peuple, vous êtes en partie responsable de ces morts.
L’amiante fût promue par des industriels du bâtiment comme solution miracle. Bien que son danger soit connu depuis le 19ieme siècle, il ne sera interdit qu’un siècle plus tard (1997 en France). Ainsi, l’amiante est source de 3 à 4000 maladies liées au travail chaque année pour devenir aujourd’hui la deuxième cause de maladies professionnelles et la première cause de décès liés au travail. (source INRS : https://www.inrs.fr/risques/amiante/ce-qu-il-faut-retenir.html)
Sans vouloir vous juger ni vous offenser, cela ne veut pas dire que vous êtes incompétente et que vous n’accordez aucune importance, ni à la santé, ni au salut des gens impactés par vos décisions directes ou indirectes en qualité d’exécutrice d’ordres supérieurs. Mais que votre conscience qui perçoit l’instant ne permet pas, seule, de voir, d’estimer et de distinguer une urgence d’une banalité. Ni de constater les conséquences de vos actions sur le siècle à venir. À moins d’être “supraconsciente”.
Votre vie compte pour moi, je comprends les stress et les difficultés que vous vivez actuellement, et je suis avec vous. Ma fonction de responsable de famille me confère l’humble devoir de protéger et servir chaque membre de cette famille, moi inclus, afin qu’il se réalise. Et au fond, ne sommes-nous pas déjà d’une même famille humaine ?
Aussi, comprenez ma douleur de voir la mère de Nirvan aller mourir au travail ? Même si le métier de conseillère d’orientation la passionne et même si elle donne depuis bientôt 5 ans, un service dévoué dans l’amour d’aider chaque élève, à trouver l’étincelle en son cœur, pour vivre épanouie dans sa voie au service des autres. La réalité est que face à vos titres et grades, beaucoup de gens se sentent impuissants et peu écoutés, allant jusqu’à croire que leurs vies ne comptent pas pour vous. Et si vous pouviez vous rencontrer, et vous parler autrement qu’à travers les filtres des titres et des médias ?
Cette lettre est l’une 200 actions non-violentes que je partage aux citoyens volontaires à “l’école du parc”. L’école du parc est une rencontre d’instruction populaire en philosophie pratique, maths appliquées, littérature et poésie, communication, théâtre et musique, chaque samedi à 15h au parc des palmiers près du kiosque posé à côté du beau banc vert à 100 000€ en forme de palme. Vous êtes bienvenue, nous avons besoin de vous et vous avez besoin de nous.
Si vous êtes d’accord, nous pourrons nous entraider pour :
– Trouver très vite dans la semaine, avec le soutien d’autres citoyens, divers lieux d’accueil et d’écoute des élèves et parents.
– Vous accueillir à l’école du parc pour échanger sur un même pied d’égalité libre et fraternelle.
– s’accompagner à voir, vivre et dire les choses autrement que dans l’urgence.
– Lancer un appel à aux réunionnais ayant passé au moins un an dans l’établissement de demander un suivi médical rapproché afin de vite dépister les maladies et cancers causés par l’amiante.
Veuillez recevoir s’il vous plaît, ce respectueux appel à la désobéissance civile non-violente de tout personnel, parents, élèves, élus, membres de la société civile, pour exprimer sa créativité, changer ses habitudes au travail et à l’école, affirmer sa raison d’être, se prémunir et protéger son prochain de l’absence de conscience.
L’urgence des décrets ministériels n’a pas encore le pouvoir de nous faire oublier l’essentiel : nous vivons pour nous aimer. Si cette affirmation venait à ne plus être vrai, alors dans un monde sans Amour, il ne serait plus utile d’être bien éduqué et en pleine santé. Ne craignez-vous pas ce jour qui sonne la fin de nos vies et de nos métiers tels que vous les connaissez ?